Si nous ne faisons rien, nous n'aurons plus un poisson d'ici 30 ans! (Stephan Beaucher)

Création d'une plateforme de la petite pêche

PARIS, 27 juin 2012 (AFP) - La pêche artisanale, qui représente 80% de la flottille en France, a décidé de se fédérer afin de défendre ses droits, à Paris comme à Bruxelles, avec l'aide de Greenpeace et du WWF pour "sortir du cliché amis des poissons contre amis des pêcheurs".
"Nous voulons faire entendre la voix des petits métiers de la pêche parce que nous sommes absents de toutes les instances décisionnaires", a expliqué Anne-Marie Vergez, patron pêcheur à Saint-Jean-de-Luz, au Pays basque, devant la presse mercredi.
Avec ses collègues de l'Association des ligneurs de la Pointe de Bretagne et du Syndicat des petits métiers du Languedoc-Roussillon, elle a présenté une déclaration commune de ces petits métiers "attachés à la protection de l'environnement marin, condition nécessaire à la continuité de notre activité".
La pêche artisanale se pratique avec un maximum de trois marins, dont l'armateur, sur des bateaux de moins de 12 m.
Les représentants des différentes façades maritimes en métropole ont lancé un appel à tous les pêcheurs artisans de France et des régions d'Outre-mer pour créer une plate-forme nationale, comme il en existe au Danemark, en Espagne et en Grèce. Les trois associations comptent déjà 500 adhérents au total et en espèrent 1.000 à la fin 2012.
En pleine négociation à Bruxelles de la réforme de la Politique commune de pêche (PCP), les pêcheurs artisanaux soulignent qu'ils pratiquent depuis toujours une pêche responsable et durable contrairement aux grands chalutiers accusés de détruire les ressources halieutiques.
L'alliance avec les ONG peut paraître "inattendue" a noté Hélène Bourges, chargée de la campagne Océans à Greenpeace, "mais les ONG et les petits pêcheurs sont d'accord sur ce que peut être une pêche durable".
"un bateau, un homme"
"Les acteurs de la petite pêche artisanale, c'est souvent un bateau, un homme qui rentre tous les soirs et peut proposer un produit très très frais, nous ne sommes pas du tout dans une logique productiviste", a précisé Gwen Pennarun, président de l'Association des ligneurs de Bretagne.
L'idée consiste plutôt à valoriser leur pêche par la fraîcheur, le service et la proximité et en tirer ainsi un meilleur prix.
"Il faut sortir du cliché amis des poissons contre les amis des pêcheurs", a renchéri Elise Pêtre, chargée du programme pêche durable au WWF, ajoutant que la position des ONG n'est pas de se battre pour "un océan sur lequel on aurait interdit toute activité".
Parmi les réformes envisagées par Bruxelles pour la nouvelle PCP, les petits pêcheurs ont reconnu qu'il fallait "mettre fin à la course aux poissons" mais rejettent l'idée de concessions de pêche transférables. Ce système se réduira à réguler la capacité de pêche uniquement par le marché et réservera, selon eux, les droits de pêche à quelques grands armateurs alors qu'il faudrait plutôt baser l'accès aux ressources sur des critères environnementaux, sociaux et territoriaux.
En Bretagne les pêcheurs artisanaux se sont imposés un arrêt biologique d'un mois de la pêche au bar. En Méditerranée, la pêche à l'anguille est suspendue volontairement pendant les trois mois d'été, alors que les décideurs à Paris et Bruxelles "attendent qu'un stock s'épuise pour prendre des décisions" a insisté Frédéric Reste, président du Syndicat des petits métiers du Languedoc Roussillon.

Déclaration de la petite pêche artisanale française


Les océans et la pêche sont en crise, particulièrement en Europe. Près de 80% des stocks de poissons sont pleinement exploités ou surexploités. L’Union européenne réforme actuellement sa Politique Commune de la Pêche (PCP). Ce processus n’a lieu qu’une fois tous les dix ans. Il n’y a pas de temps à perdre ! Une réforme réussie peut mener à des océans plein de vie, dans lesquels des stocks de poissons abondants constitueront une source durable de revenus pour le secteur de la pêche et pour les communautés littorales qui en dépendent. Ceci ne sera possible que si la PCP soutient nos pratiques de pêche durables.
Nous, patrons et marins de la petite pêche artisanale, pratiquons des marées courtes de moins de 24h, ce qui nous permet de maintenir un lien culturel, social et économique fort avec notre territoire.
Notre richesse réside dans notre diversité et notre polyvalence. Depuis des décennies, nous nous sommes adaptés aux spécificités de nos territoires de pêche en développant de multiples techniques et en ciblant différentes espèces. Nous respectons ainsi les rythmes biologiques des poissons au gré des saisons. Nous souhaitons préserver ces savoir-faire, conserver toute notre polyvalence et
demeurer indépendant dans le choix de notre outil de travail.
Nos pratiques ont un faible impact sur l’environnement marin et n’occasionnent que très peu de rejets grâce à leur sélectivité. Nous utilisons essentiellement les arts dormants comme la ligne, le casier, le filet ou le piège ; et nous ne pratiquons les arts trainants, comme le chalut et les dragues à coquillages, que de façon saisonnière dans le cadre de notre polyvalence. Nous embarquons avec un maximum de trois marins, dont l’armateur, sur des bateaux de moins de 12 mètres.
Notre dépendance à nos zones de pêche et à la ressource nous conduit depuis longtemps à gérer notre territoire et à réguler notre effort de pêche afin de pérenniser notre activité.
Nous représentons près de la moitié des marins pêcheurs français et plus de 80 % des bateaux de pêche en France1
Au niveau européen, la pêche artisanale représente 65% des emplois directs et 83% de la flotte. Pourtant, notre voix n’est ni reconnue ni entendue par les décideurs politiques nationaux et européens. Il est temps d’inverser la tendance. La nouvelle PCP doit enfin reconnaître cette majorité et cesser de marginaliser la pêche artisanale.
C’est pourquoi nous, pêcheurs artisans :
- Déclarons notre attachement à la protection de notre environnement marin, condition nécessaire à la continuité de notre activité et donc à l’accès aux produits de la mer comme source d’alimentation.
- Reconnaissons que la PCP doit mettre fin à la course aux poissons et doit s’attacher à garantir une activité de pêche davantage orientée vers la qualité des produits.
- Reconnaissons qu’une diminution de l’effort de pêche est nécessaire au niveau européen, mais nous soulignons qu’elle ne doit pas se faire au détriment de ceux qui mettent en œuvre les pratiques les plus durables. Pêchons moins mais pêchons mieux !
- Nous nous opposons cependant aux concessions de pêche transférables (CPT), outil proposé par la Commission européenne, qui consiste à réguler la capacité de pêche uniquement par le marché. Ce système favorise l'accès aux ressources à ceux qui sont économiquement les plus forts et engendre la concentration des droits de pêche entre les mains de quelques uns
Nous refusons une privatisation de la mer et de ses ressources ! 

- Sommes néanmoins favorables à la construction d’une alternative aux CPT par la mise en place d’un régime d’accès à la ressource basé prioritairement sur des critères environnementaux, sociaux et territoriaux. L’attribution des droits de pêche doit se faire préférentiellement aux pêcheurs ayant des pratiques à faible impact sur les écosystèmes, un faible taux de rejet, un taux maximum d’emploi par kilo de poisson débarqué,…
- Demandons que la nouvelle PCP établisse et applique un protocole clair afin d’éviter les conflits entre différentes flottes visant les même stocks ou partageant les mêmes zones de pêche. La priorité doit clairement être donnée aux petites unités dans la bande côtière jusqu’à 12 miles nautiques.
- Souhaitons que notre savoir-faire et nos connaissances empiriques soient mieux pris en compte, notamment à travers une collaboration renforcée avec le corps scientifique. Il est temps d’établir un cadre permettant aux pêcheurs, décideurs politiques, administrations, scientifiques, société civile, de définir ensemble les règles de gestion durable de la pêche et des autres activités maritimes sur les territoires de pêche, en appliquant le principe démocratique un homme = une voix. Cela pourra se faire à travers la mise en place de Comités de cogestion par territoire de pêche, sur le modèle des prud’homies méditerranéennes ou des Unités d’Exploitation et de Gestion Concertée.
- Nous sommes attachés à l’application stricte des réglementations et à un renforcement des moyens de contrôles étatiques et professionnels.
- Nous sommes porteurs de solutions et avons la capacité de mettre un terme à la surpêche, aux pratiques de pêche destructrices et à permettre une utilisation juste et équitable des ressources halieutiques.
La surpêche n’est pas une fatalité ! Nous souhaitons plus que tout transmettre un océan sain à nos enfants.
Nous appelons tous les pêcheurs se reconnaissant dans cette déclaration à se joindre à nous pour faire entendre la voix de la petite pêche artisanale en France.
Premiers signataires :
Gwen Pennarun, pour l’association des ligneurs de la Pointe de Bretagne
Frédéric Reste, Président du Syndicat des petits métiers du Languedoc-Roussillon
Anne-Marie Vergez, Patron pêcheur du Nahikari de St Jean de Luz
Avec le soutien de Greenpeace France et du WWF France

1 Source : Alim’agri, chiffres janvier 2011, d’après données DPMA-DSI 2009. 
2 Séminaire DG mare sur la petite pêche côtière, 25 février 2010, Bruxelles 
3 La politique commune de la pêche en chiffres, Commission européenne, 2012 grandes entreprises de pêche.

 

 

 

Statistiques affolantes

Ci dessous des tableaux de statistiques en temps réel des prises en mer, un peu affolant mais hélas réel

 

 

 

Des nouvelles de nos amis requins

Les dix pour cent de requins restant dans nos océans ont désormais de meilleures chances de survie, grâce à tous ceux qui se sont mobilisés ces dernières années. Deux faits récents en attestent, la publication le 21 novembre par la Commission de sa proposition de réglementation comblant les lacunes de l'ancienne en exigeant que les ailerons ne soient plus découpés à bord, et un changement de mentalités en Asie, plus précisément à Hong Kong (bravo à Bloom!!!) où une chaîne d'hôtels ne proposera plus la fameuse soupe aux ailerons (article du Monde)

Vous avez été très nombreux à signer la pétition (plus de 20 000 signatures en France) que nous présenterons en janvier aux ministres des pêches pour qu'ils soutiennent cette réglementation de renforcement contre le finning. Vous pouvez continuer de faire signer cette pétition jusqu'à la fin de l'année et nous la renvoyer tout début janvier, avant le 8 janvier.

Lisez les documents ci dessous pour comprendre

Encore un effort pour les requins

Les raisons de la réforme du "Finning"

Merci à Nicole Aussedat pour cet article publié sur le site Shark Alliance

 

Pêche durable: Et si on avait tout faux?

 

Une étude de l’UICN publiée le 1er Mars 2012 dans le journal Science propose de repenser la gestion de la pêche de façon à améliorer la sécurité alimentaire et réduire les effets négatifs de la pêche sur l’environnement.

La nouvelle approche, présentée par un groupe de spécialistes de l’environnement et de la pêche, membres de la Commission sur la gestion des écosystèmes (CGE) de l’UICN, change complètement le cap en matière de gestion de la pêche.

« Pendant des siècles, on a cru qu’une pêche sélective qui évite les jeunes poissons et les espèces rares et emblématiques et préfère les individus plus âgés et de grande taille permet d’accroître les captures et de réduire les impacts sur l’environnement, » dit François Simard, conseiller principal de l’UICN pour la pêche. « Mais en fait les individus plus âgés ont un fort potentiel de reproduction et leur capture altère la structure et le fonctionnement de l’environnement. Elle peut aussi avoir des effets secondaires graves sur le plan de l’évolution et de l’écologie.»

Dans la partie est du plateau néo-écossais, par exemple, la pêche sélective classique a modifié la structure de la chaîne alimentaire du milieu marin et, en Mer du Nord, on observe une proportion croissante d’espèces de plus petite taille.

La nouvelle approche proposée par l’UICN, appelée « prélèvement équilibré », cible toutes les composantes comestibles du milieu marin, de façon proportionnelle à leur productivité.

En effet, lorsque la pêche cible une plus grande diversité d’espèces et de tailles, la capacité de production de l’écosystème est pleinement utilisée. Cette approche améliore la sécurité alimentaire en préservant le potentiel des ressources marines, tout en minimisant les effets négatifs des pêcheries sur l’environnement. Nécessitant une réduction de l’exploitation des stocks de poissons, elle change radicalement notre mode actuel de gestion de la pêche, qui vise la pleine exploitation des populations prises individuellement et entraîne souvent leur surexploitation.

« Le prélèvement équilibré est un mode de pêche sélectif mais, conformément à l’approche axée sur l’écosystème adoptée par la Convention sur la diversité biologique et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il s’agit d’une sélectivité entendue dans une perspective bien plus large que celle utilisée jusqu’à présent, » explique Serge M. Garcia, président du Groupe de spécialistes de la pêche de la CGE de l’UICN. « Au lieu de viser exclusivement l’optimisation des captures d’un certain nombre d’espèces cibles et de tailles sélectionnées, elle a pour but de préserver la structure et la productivité de l’ensemble de l’écosystème ».

Le document est fondé sur une étude comparative de plusieurs types de sélectivité, en utilisant 36 modèles d’écosystèmes différents. Quelques exemples de modes de pêche se rapprochant du prélèvement équilibré ont aussi été trouvés en Afrique, dans des pêcheries artisanales des eaux intérieures du continent.

« Cette nouvelle démarche en matière de pêche peut paraître utopique, car la capacité humaine de gestion des écosystèmes est limitée », dit Jeppe Kolding, membre du Groupe de spécialistes de la pêche. « Mais il s’agit d’une utopie qui permet de mobiliser les énergies dans le bon sens. Nous avons maintenant suffisamment d’éléments qui démontrent que cette nouvelle approche peut accroître considérablement la durabilité de la pêche, réduire son impact sur les écosystèmes et améliorer l’environnement marin aussi bien que la sécurité alimentaire ».

Des questions liées à la gestion de la pêche seront examinées de façon plus approfondie pendant le Congrès mondial de la nature de l’UICN, qui se tiendra à Jeju, République de Corée, du 5 au 15 septembre 2012.

Source http://www.iucn.org/fr/?9313/Un-regime-equilibre--lUICN-propose-de-repenser-la-gestion-de-la-peche

UNE POLITIQUE COMMUNE DES PÊCHES EN

PANNE QUI DÊTRUIT LES OCEANS

image peches profondes greenpeace

Un article de Greenpeace

Dans le premier numéro d’Immersion, Greenpeace expliquait comment la Politique commune des pêches (PCP) a été détournée pour servir les intérêts de certains pays européens, pour qui les profits immédiats de leur flotte de pêche industrielle passent avant la santé de nos océans. Greenpeace révélait l’attribution de subventions, financées par le contribuable européen, au réseau de la famille Vidal, acteur majeur de la pêche industrielle espagnole mais aussi de la pêche illégale. Ce dossier d’investigation dénonçait également la passivité des autorités espagnoles, qui auraient dû amener la famille Vidal à rendre des comptes devant la justice plutôt que de l’aider, dans certains cas, à faire fructifier ses activités. Dans ce deuxième volet de la série Immersion, Greenpeace met le doigt sur une autre aberration de la PCP: elle maintient sous perfusion financière le crime écologique perpétré par le chalutage de fond dans nos océans. Greenpeace se penche en particulier sur l’Espagne et la France, les deux principaux acteurs de cette pêcherie non durable, tant sur le plan environnemental qu’économique.

Lire le rapport complet c'est instructif et venez en parler sur le forum

 

Le Ravage des pêches profondes 

Article de Futura Sciences

On le savait déjà mais en plus de l'article de Greenpeace Un article très documenté 

 

Disparition organisée du maigre

Il y a quelques semaines j'écrivais un article sur le raréfaction rapide du maigre (lire l'article) en dénoncant en particulier les ravages sur les petits poissons. D'après des chercheurs de l'Ifremer 87% des poissons pêchés ne se sont jamais reproduits. D'après ces mêmes chercheurs la maturité sexuelle est de 63 cm pour le male et 90 cm pour la femelle (Source colloque de la terre à la mer de la Gironde aux pertuis Royan 28/29 octobre 2010). La conclusion était: "C'est un stock mal exploité au regard de son potentiel de croissance sans aucun doute et au regard de rupture du recrutement c'est à considérer" Fin de citation

Et bien le directeur de la direction des pêches maritimes et de l'aquaculture n'a pas du avoir connaissance des conclusions de ce colloque scientifique puisqu'un arrêté paru au JO du 22 septembre fixe une maille légale. Chouette diront certains, oui mais cette taille a été fixée à.........30cm

De qui se moque t'on et à qui fera t'on croire que ce n'est pas une decision dictée par certains lobbys insconcients voulant récupérer le plus vite possible le peu qui reste de ce magnifique poisson qui a le tort de venir se reproduire dans l'estuaire de la Gironde. Au moment ou la France vient de signer les accords de Nagoya sensés protéger la biodiversité c'est une décision inique qui déshonore ceux qui ont voulu ça.

On nous a rabattu les oreilles avec le Grenelle de la mer, la protection des espèces et de la biodiversité, on créé dans de nombreux endroits des parcs naturels marins ce qui est normalement une bonne chose, alors pourquoi cette décision? à ce jour aucune explication. Il y a un manque flagrant de concertation entre les différents services de l'état, apparement chacun fait ce qu'il veut dans son coin sans consulter les autres, il serait temps que ça cesse et que l'on arrête de laisser faire ce qu'ils veulent à quelques hauts fonctionnaires décidant sans consultation des scientifiques et prenant des décisions engageant l'avenir d'une espèce.

Sans grand espoir je vais poser la question au ministère de l'environnement et si j'ai une réponse je vous la donnerai.

Mais que ceci ne vous empêche pas de vous conduire en pêcheur responsable et de respecter une maille d'au moins 70 cm, vous donnerez ainsi une leçon aux massacreurs. Et pour malgré tout vous faire rêver quelques photos pendant qu'il y en a encore

 

 

André Dechene

Les écluses à poissons

Ou quand la diminution de la ressource tue la tradition

Depuis des siècles les écluses à poissons font partie du patrimoine des iles de Ré, d’Oléron et dans une moindre mesure à Noirmoutier. On en trouve des traces dans des écrits des seigneurs locaux dès le XIVeme siècle (mais c’est sans doute beaucoup plus ancien, époque gallo romaine peut être ?) qui concédèrent comme une terre quelconque ces parties du littoral contre redevance en argent ou en nature.

Le Maigre va-t-il disparaitre de nos côtes

 Argyrosomus Regius (Asso 1801)

Le maigre poisson emblématique du Golfe de Gascogne à toujours suscité des interrogations en particulier sur les variations de sa présence et de son recrutement. Les divers écrits que l’on trouve depuis le 18eme siècle et jusqu’à nos jours étant assez contradictoires.

Un sujet sur lequel tout le monde est d’accord c’est qu’il fraie dans l’estuaire de la Gironde entre la mi mai et juillet. Les frayères seraient situées autour du banc des marguerites (d’après Brégéon et al 1978) Dans cette période les poissons adultes qui viennent se reproduire sont pêchés au filet par des pêcheurs professionnels qui les repèrent aux sourds grondements émis (d’après Trobondeau 1985). en posant l’oreille au fond du bateau (Duhamel Du Monceau 1777) Ensuite les poissons retournent en mer.

Actuellement, d’après l’étude récente du colloque de la mer de la Gironde aux Pertuis Royan 28-29 Octobre 2010 le maigre est surtout pêché de quatre manières chiffres 2005-2007 et 230 navires capturent 90% des maigres (2007):

Filets fixes:

Filet maillant calé droit, filet trémail à soles longueur 7 à 50 kms

Filets dérivant avec deux pratiques:

Pour les juvéniles longueur moyenne 2 kms posés une heure ou deux, maillage 100/130 étiré

Pour les adultes dans l’estuaire longueur 150m posé quelques minutes, maillage 180 étiré

Palangres: Principalement de fond (posées environ 3 heures) mais parfois pélagiques et de surface avec 500 à 1600 hameçons (posées 24 heures)

Chaluts fond et pélagiques: seuls ou en paire maillage principalement 70mm étiré

On a vu que les recrutements étaient très variables suivant les années mais on est obligé de constater de très fortes baisses de capture depuis 2008 tant de la part des pêcheurs récréatifs et des guides de pêche, même si dans ce milieu les chiffres sont difficilement contrôlables, que des professionnels ou l’on constate un véritable effondrement.

Les chiffres de débarquement en criées (source France Agrimer) au niveau national sont éloquents même si tout ne passe pas en criées :

2008 : 1002 T

2009 :  771 T

2010 :  589 T

Soit plus de 40% de baisse en 3 ans

Cet effondrement à probablement plusieurs causes car le maigre est un poisson à croissance rapide mais à maturité sexuelle tardive mais tous les engins capturent principalement des poissons de moins de 65 cm !

 Source Colloque : De la terre à la mer de la gironde aux pertuis Royan 28-29 octobre 2010

 




D’après cette étude présentée à Royan, déjà citée, il nous est indiqué que la femelle est mature à partir de 90 cm (plus de six ans) et le male un peu plus tôt autour de 63 cm (4 ans) Il est précisé également qu’il y a moins de 13% de poissons adultes de capturés ce qui veut dire que plus de 87% des poissons capturés ne se sont jamais reproduits.

Pire il est précisé que plus de 90% des poissons adultes pris par la pêche à l’écoute (pêche traditionnelle) ne se sont reproduits qu’une seule fois.

Les conclusions de cette étude sont assez éloquentes : « c’est un stock mal exploité au regard de son potentiel de croissance sans aucun doute et au regard des risques de rupture du recrutement c’est à considérer »

On ne peut être plus clair et c’est facile à comprendre quand on voit les étalages des poissonniers et grandes surfaces de la région ou la majorité des poissons font autour de 30/40 cm ce que confirme le graphique des prises.

Le véritable scandale vient du fait que ce poisson n’a aucune maille réglementaire, ni européenne ni française, et que les professionnels « tapent » dans les stocks de juvéniles tout l’été, mais jusqu’à quand pourra t’on le faire, sur l’île d’Oléron je suis bien placé pour le voir.

Pourra t’on, un jour, revoir ces pêches ?

   

Ne serait-il pas possible d’instituer une taille minimum et l’interdiction de la vente de poissons de moins de 70 cm ?

C’est une question de bon sens et de survie de l’espèce à moins que, comme au regard de la pêche française, les quantités pêchées étant faibles en tonnage on se moque complètement de ce poisson. J’ose espérer que non.

Dans les années 60 des pêcheurs qui pêchaient du bord en surf casting entre Merschers et la Palmyre prenaient régulièrement de magnifiques poissons entre 20 et 30 kg voir plus maintenant quand ils en prennent un de plus de 2 kg c’est un exploit. Il y avait même des concours de pêche du maigre du bord en surf casting sur les plages de Merschers avec un grand succès et les places étaient chères.


Un vieux pêcheur de La Tremblade (petite commune proche de Royan) qui notait scrupuleusement ces prises de maigres dans l’embouchure de la

Seudre et les plages de la presqu’ile d’Arvert (Quéro et al 1987) à pris en 1960 568 maigres en 1961 1232 et en 1964 1064. 97,5% des poissons ont été pris de juin à Aout.

Les photos ci dessus ont été prises dans les années 1960-70 et m’ont été aimablement données par le magasin Pêches Sportives de St Palais qui était un haut lieu de rencontres pour les nombreux pêcheurs de maigres venant quelques fois de très loin, Mr De Santis était un excellent pêcheur et savait conseiller le matériel qui convenait pour ces magnifiques poissons et pourtant à l’époque il n’y avait pas de super cannes en carbone et des moulinets perfectionnés avec 10 ou 15 roulements. Aujourd’hui le magasin existe toujours mais ses successeurs ne voient plus passer que très rarement de beaux maigres : Pourquoi ?

Il est plus que temps de prendre des mesures de précaution. D’autres études sont en cours tant la situation est grave, espérons qu’elles n’arriveront pas trop tard et que surtout les pouvoirs publics prendront rapidement les mesures indispensables pour la sauvegarde de ce poisson.

 Photos trop rares de prises il y a 2 ou 3 ans par des plaisanciers dans le pertuis d’Antioche

 

Bibliographie et sources :

Le maigre Jean Claude Quéro et Jean Jacques Vayne Ifremer station de La Rochelle 1987.

Ecologie, biologie et exploitation du maigre du golfe de Gascogne (Colloque de la terre à la mer, de la Gironde aux pertuis, état des connaissances du système marin Royan 28-29 Octobre 2010) par Gérard Biais Ifremer La Rochelle, Q Sourget Ifremer Lorient, Ph. Boet Cemagref Bordeaux, P. Haffray Sysaaf Rennes, J. Lobry Cemagref Bordeaux, S. Pasquaud Cemagref Bordeaux, M-L Bégout Ifremer La Rochelle

Données de ventes déclarées en halles à marée France Agrimer 2010

Crédits Photos : André Dechene, Didier Courtois, Pêches sportives à St Palais 17, Sébastien Gas (guide de pêche)

André Dechene Collectif Bar Européen Océan 2011

Pour info depuis la rédaction de cet article un arrété ministériel du 15 septembre 2011 fixe la taille mini du bar à 30cm. De qui se moque t'on?

Vous pouvez télécharger ce document en pdf en vous incrivant ou vous connectant sur le site

 
TABLEAU TAILLES et PERIODES de REPRODUCTION
 
 
Espèce

Maturité male

Maturité femelle

Période de repro (ponte)

Petite roussette

54-60

54-60

Toute l'année, pic en janvier et juillet

Peau bleu

250

 

Mai-juin

Raie bouclée

50-80

65-95

Fevrier-Septembre, pic en juin

Raie fleurie

59

   

Merlu

40

57

Février-Mai

Merlan

20-25

 

Janvier (Gascogne) Aout-Septembre (Islande)

Morue

53

59

Février-Avril

Lieu jaune

   

Mars (Gascogne) à Mai (Norvège)

Tacaud

21 à 25 cm

 

Mars-Avril (Royaume Uni)

Lingue

80

90-100

Mars-Juillet (100-300m de fond)

Mulets

20-25 cm selon l'espèce

 

Selon espèce

Orphie

45

 

Avril-Mai

Bar commun

32-37 -4 ans (Gascogne) 35-45 (Iles britanniques)

42 (Gascogne) 44-52 (Iles Britanniques)

Fevrier-Mai (Gascogne) Mai-Juin (Irlande)

Dorade grise (griset)

Hermaphrodite : femelle à partir de 20 cm, mâle au-delà de 35

 

mai-juin

Dorade royale

Mâle puis femelle à 3 ans (30-35 cm)

 

Avril-Mai (pas sur)

Maigre

 60/65 cm
 + de 90 cm
Première quinzaine de juin (Gironde)
Taille selon etude ifremer 2010

Rouget

17-18 cm

 

mai-août (plusieurs espèces

Vieille

   

Mai-Juin

Maquereau

Environ 29 cm

 

Mars-Juin

Thon germon (albacore)

85 cm soit environ 13 kg

 

Printemps ete (Antilles-Sargasse)

Espadon

21 kg

75 kg

Pic avril-septembre

Turbot

28

42

mai-juillet (Gascogne)

Flet

25

30

janvier-mars

Limande

12

déc-16

fevrier-avril

Plie commune

15-35 (2-6 ans)

20-40 (3 à 7 ans)

décembre-mars

Sole commune

26

32

janvier-mars pic en février

Sole blonde

environ 25 cm

 

mai-septembre (pic juin-juillet)

Tableau établi par Charles Quiriec d'après QUERO JC, VAYNE, JJ, 1997, Les poissons de mer des pêches françaises, Identification, inventaire et répartition de 209 espèces, Ifremer, éditions Delachaux et Niestlé, 304 pp. Un grand merci pour ce travail de compilation

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